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Les instruments de garanties du Groupe de la Banque Mondiale (Le Groupe ou le Groupe de la BM) viennent de faire l’objet d’une réforme d’ensemble. Celle-ci s’est traduite en particulier par le regroupement en 2024 des différents instruments de garantie au sein d’ une plateforme commune et sous un même toit afin de proposer aux utilisateurs un guichet unique et une assistance visant à faciliter l’accès aux garanties.
Garanties du Groupe de la Banque Mondiale
Le soutien à l’investissement privé comme facteur clef du développement des pays émergents et en développement (EMDE) est un objectif commun aux différentes institutions financières du Groupe de la BM. Ces institutions comprennent la Banque Mondiale au sens strict avec la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD/IBRD en anglais) et pour les pays les plus pauvres l’Association Internationale de Développement (AID/IDA), l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) et la Société financière internationale (SFI/IFC). Le Groupe est un acteur clef du développement.
L’ un des principaux moyens utilisés depuis près de 40 ans par le Groupe pour soutenir l’investissement est la fourniture de produits de garanties visant à diminuer les risques de nature politique, commercial et de crédit auxquels doivent faire face les opérateurs privés et publics dans les EMDE membres. Ces risques sont l’un des principaux obstacles à l’accroissement des flux d’investissements vers les pays concernés.
Ces garanties peuvent être regroupés en 3 catégories principales de produits. Des garanties contre les risque politiques affectant les investisseurs et les préteurs du secteur privé proposées principalement par la MIGA et la Banque Mondiale. Des garanties de prêts contre le risque de crédit pour le secteur privé et le secteur public visant à améliorer la solvabilité des emprunteurs, allonger la durée des prêts et diminuer leur cout, et améliorer l’accès aux marchés de capitaux par les pays d’accueil. Ces produits sont offerts principalement par la SFI et la Banque Mondiale, et par la MIGA. Depuis quelques années, des garanties de risques du secteur public visant à faciliter certaines transactions à court terme du commerce international sont aussi proposées par la MIGA.
Evolution et bilan
Au cours des années, le portefeuille de garanties du Groupe a connu une croissance significative. Depuis sa création en 1988, la MIGA a couvert plus de 1000 projets pour un montant total de garanties émises supérieur à 75 milliards de dollars. Le montant total des engagements de garanties de la BIRD/IDA a dépassé 11 milliards de dollars et celui de la SFI 5 milliards. L’encours total brut de garanties du Groupe pour l’année 2024 est de 31 milliards. Des efforts de modernisation des produits et des politiques opérationnelles en matière de garantie ont été entrepris à plusieurs reprises. La coopération avec les autres acteurs privés et publics du marché global des garanties et de l’assurance du risque politique et du risque de crédit, dont les autres Banques Multilatérales de Développement (BMD), s’est considérablement développée. Le Groupe est un acteur central de ce marché.
Selon des travaux récents lancés sous l’égide du G20, cependant, les moyens mis en œuvre par les BMD n’ont pas nécessairement été exploités au maximum de leurs capacités et se sont révélés insuffisants au regard des besoins de financement des EMDE requis pour atteindre les objectifs du développement durable et assurer la transition énergétique.
En 2022, des experts nommés par le G20 ont constaté que les différents « stakeholders » des BMD, y compris les agences de notation, avaient globalement surestimés les risques financiers auxquels les BMD faisaient face. Ces experts ont proposé plusieurs moyens pour utiliser les fonds propres des BMD de manière plus efficace et maximiser leurs capacités de mobiliser des financements privés, dont un recours accru aux garanties dont le potentiel n’avait pas été suffisamment exploité selon eux. Ces propositions ont été ensuite reprises par le G20 dans une Feuille de Route visant à leur mise en œuvre par les BMD.
En 2023 et 2024, le Groupe de la BM a procédé, avec la coopération du secteur privé, à un examen détaillé des moyens d’appliquer les recommandations du G20. Les activités en matière de garanties ont fait l’objet d’une analyse détaillée des obstacles à leur utilisation et d’une refonte visant à faciliter de manière pratique l’accès à ces instruments et leur développement.
Obstacles au recours aux garanties du Groupe
Parmi les obstacles identifiés à cette occasion figurait le fait que les garanties du Groupe ( qui comprennent près de 20 instruments différents ) sont toujours perçues par une majorité d’utilisateurs comme des instruments complexes.
Malgré les efforts de coordination, les solutions de garantie restent fragmentées et dispersées au sein des différentes institutions et les offres de garantie relèvent généralement de politiques et de procédures différentes. En pratique, il arrive souvent que les clients et utilisateurs doivent contacter et s’entretenir avec chaque institution séparément.
Il en résulte que le recours aux garanties du Groupe est souvent perçu comme un processus long et couteux. De plus la capacité de développer des projets communs reste limitée. La communication sur le détail des offres de garantie au profit des clients n’est pas toujours suffisante ou suffisamment claire.
Principaux éléments de la réforme récente des garanties
Le principal objectif de la réforme est de tripler le volume annuel de garanties émises pour le porter à au moins 20 milliards de dollars par an en 2030.
La principale mesure de la réforme est la mise en place le 1er juillet 2024 d’une nouvelle plateforme commune de garanties regroupant sous un même toit, celui de la MIGA, les instruments de garanties et les experts en garantie du Groupe de la BM. Cette initiative permettra de proposer à tous les utilisateurs l’équivalent d’ un « guichet unique » permettant , sous l’égide et avec l’aide de la MIGA, d’ accéder aux produits, et aux spécialistes, de garanties de manière plus simple, plus efficace et plus transparente. Elle permettra aussi de rationaliser l’utilisation des instruments de garantie du Groupe en développant des principes et des approches communes, de maximiser l’offre et de développer de nouveaux produits de manière plus rapide et cohérente.
Au niveau géographique, l’accès à la plateforme et aux garanties se fera via le site des garanties du Groupe, les bureaux régionaux dont chacun offrira une personne contact spécialisée dans les garanties ou via les bureaux pays.
Grace à la plateforme, le Groupe sera en mesure de proposer un menu intégré et unique des produits de garanties offerts par les 3 institutions aux lieu et place des quelques 20 instruments actuels. La centralisation des expertises en garantie sous un même toit devrait aussi permettre de proposer des solutions de garantie sur mesure aux investisseurs et aux préteurs.
Le recours à une plateforme commune et à un processus centralisé et le regroupement des ressources devraient permettre d’optimiser l’étude des risques, de renforcer l’effet de levier des instruments et d’augmenter la capacité globale du Groupe de délivrer des garanties.
Conclusions et remarques
La récente refonte des garanties du Groupe de la BM représente l’aboutissement d’efforts réguliers d’innovation et d’améliorations des produits et des politiques existantes.
Apres des années d’incertitudes sur le rôle et la place des instruments de garantie par rapport aux autres instruments de financement des BMD, les travaux récents du G20 et la refonte en 2023 et 2024 des garanties du Groupe de la BM officialisent l’importance de ces instruments comme facteur essentiel de mobilisation des financements privés en faveur du développement.
Le domaine des garanties d’investissement dans les EMDS reste un domaine complexe et la récente réforme ne produira tous ses effets qu’ au bout d’un certain temps. La montée en puissance se fera probablement de manière progressive, via une période intermédiaire d’apprentissage et de formation pour tous les stakeholders y compris le staff de garanties existant.
L’un des objectifs de la plateforme commune est d’accroitre la coopération existante avec les autres acteurs du marché des garanties et de l’assurance des risques investissements. A terme, on peut espérer que la plateforme sera renforcée par des référence à d’autres acteurs et permettra d’aiguiller aussi les utilisateurs vers les produits d’atténuation de risques des autres opérateurs en particulier des autres BMD.
English version
In 2024, the guarantee instruments of the World Bank Group (hereinafter referred to as the Group or the WB Group [1]) underwent a comprehensive reform. This resulted on July 1, 2025 in the consolidation of the various instruments into a new common platform under the auspices of MIGA, in order to facilitate access to guarantees by users[2].
A/ Overview of the various guarantee instruments
Historically, each of the Group’s financial institutions has had its own guarantees. These guarantees can be grouped into three main product categories[3]:
The first category includes guarantees against the main political risks that may affect private sector investors and lenders. These guarantees are traditionally offered by MIGA, with investors able to choose the political risks they wish to cover on an à la carte basis[4].
The second category of products includes guarantees primarily designed to reduce credit risk and protect public or private sector lenders against payment defaults or non-compliance with financial obligations by a public or private borrower. These guarantees aim, for example, to improve borrowers’ creditworthiness, extend the term of loans and reduce their cost, or facilitate borrowers’ access to capital markets. Some of these guarantees offer comprehensive coverage against political and commercial risks, while others cover financial obligations in local currency as well as in convertible currencies. These products are offered by the IFC, the World Bank, and MIGA[5].
The third category of guarantees, recently offered by MIGA, aims to facilitate certain short-term international trade transactions.
B/ Evolution and assessment of the use of World Bank Group guarantees to date
Over the years, the Group’s guarantee portfolio has grown significantly. Since its creation in 1988, MIGA has covered more than 1,000 projects for a total amount of guarantees issued in excess of $75 billion. The total amount of IBRD/IDA guarantee commitments has exceeded $11 billion and that of the IFC $5 billion. MIGA’s outstanding gross guarantee exposure was $31.5 billion in 2024.
Efforts to modernise and coordinate the Group’s guarantee products and operational policies have been undertaken on several occasions. Cooperation with other private and public actors in the global political risk and credit risk guarantee market, including other Multilateral Development Banks (MDBs), has increased.
However, recent studies suggested that the resources of the World Bank Group and other MDBs have not necessarily been used to their full potential. In 2022, experts appointed by the G20 countries found that the various stakeholders of MDBs, including rating agencies, had generally overestimated the financial risks faced by MDBs.
These experts proposed several ways to use MDBs’capital more effectively and maximise their capacity to mobilise private financing, in particular through increased use of guarantees, whose potential they believed had not been sufficiently exploited[6]. These proposals were then summarised by the G20 in a Roadmap for implementation by the various MDBs[7].
In 2023 and 2024, the World Bank Group, in collaboration with private sector CEOs through a Private Sector Investment Lab, conducted a detailed review of ways to implement the G20 recommendations. Guarantee activities were subject to an analysis of the obstacles to their use and a restructuring aimed at facilitating increased access to these instruments in a practical manner with a greater focus on efficiency.
C/ Obstacles to increased use of World Bank Group guarantees
The Group’s guarantees (with nearly 20 different instruments) are often perceived as complex instruments, and the process of obtaining them is often seen as lengthy and costly.
Despite coordination efforts, guarantee solutions remain fragmented and scattered across different institutions, and guarantee offerings are generally subject to different policies and underwriting procedures. Each institution has its own contacts. This limits the capacity to develop joint projects.
D/ Key elements of the recent guarantee reform
The main objective of the reform is to triple the annual volume of guarantees issued to at least $20 billion per year by 2030.
The main measure of the reform is the establishment of a new common guarantee platform bringing together the Group’s guarantee instruments and guarantee experts under one common roof, that of MIGA. This initiative offers users the equivalent of a ‘one-stop shop’ that makes it possible, under the auspices and with the assistance of MIGA, to propose an integrated and unique menu of guarantee products offered by the Group, and subsequently tailor-made guarantee solutions to investors and lenders.
The use of a common platform and a centralised process will facilitate risk assessment optimization, and make it possible to streamline the use of different guarantee instruments, enhance the leverage effect of the instruments and increase the Group’s overall capacity to issue guarantees.
Such a platform should facilitate coordination with the Group’s other financial instruments and cooperation with other players in the guarantee market, including MDBs.
Geographically, access to the platform and guarantees will be provided primarily through the Group’s guarantee website[8] and contact persons in MIGA’s regional and country offices and at its headquarters in Washington[9].
E/ Remarks
The recent restructuring of the World Bank Group’s guarantees is innovative and represents the culmination of ongoing efforts to improve existing products and policies.
After years of uncertainty about the exact role and place of guarantee instruments in relation to other MDB financial instruments, recent work by the G20 and the reform of the Group’s guarantees firmly confirm the importance of these instruments as an essential factor in mobilising private financing for development.
While the first projects under the reform are being finalised, the field of guarantees is complex and the ramp-up of the new approach will take time.
Ultimately, the pooling of existing resources and the
planned increase in resources over the coming years should give rise to a major
centre of excellence on a global scale, both in terms of the volume of
guarantees issued and expertise.
[1] The World Bank Group comprises the World Bank in the strict sense, with the International Bank for Reconstruction and Development (IBRD) and, for the poorest countries, the International Development Association (IDA), the Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA), the International Finance Corporation (IFC) and the International Centre for Settlement of Investment Disputes (ICSID). Although ICSID is an institution dedicated to the settlement of investment disputes, particularly through arbitration, and not a financial institution, it shares the same overall objective of supporting international private investment and cooperates with the other agencies.
[2] A new guarantee platform for greater simplicity, efficiency and impact on development’ communication, 11 April 2024, World Bank www.banquemondiale.org / ‘World Bank Group Guarantee Platform”, World Bank and MIGA notes, 1 July 2024 and March 6, 2025: www.worldbank.org and www.miga.org
[3] For the Group’s traditional guarantee products, see for example ‘World Bank Group Guarantee Products’, Guidance Note, April 1, 2016, World Bank Group Publications, ppp.worldbank.org
[4] The political risks covered by MIGA are the risks of expropriation, war and civil unrest, breach of contract between a State or State entity and an investor, currency inconvertibility, and restrictions on transfers out of the host country
[5] In certain countries and under certain conditions, MIGA offers a credit enhancement product for loans through global guarantees covering the non-honouring of certain financial obligations by a state, a public entity or a public enterprise (Non-Honouring of Financial Obligations). The World Bank offers two main types of loan guarantee instruments for private and public lenders: policy-based guarantees, and project-based guarantees in support of specific investment projects, generally large-scale projects such as infrastructure projects, which are the most common guarantees. IFC guarantees are reserved for private sector lenders (and operators).
[6] “Boosting MDBs’ investing capacity. (2022). An Independent Review of Multilateral Development Banks’ Capital Adequacy Framework”
[7] “G20 Roadmap for the Implementation of the Recommendations of the G20 Independent Review of Multilateral Development Banks’ Capital Adequacy Framework”, July 2023
[8] https://www.worldbank.org/wbgguarantees
[9] Multilateral Investment Guarantee Agency/MIA, World Bank Group, 1818 H Street, NW, Washington DC 20433 USA. migainquiry@worldbank.org