Il est estimé que l’activité artisanale d’orpaillage emploie environ 13 million de personnes à travers le monde.
En Afrique de l’Ouest, cette activité s’est fortement développée ces dernières années. Selon un rapport récent de l’OCDE (paru en octobre 2018), la production aurifère artisanale cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger serait entre 15 et 85 tonnes, un volume qui représenterait plus de 50% de la production industrielle légalement enregistrée pour l’année 2017, avec environ 500 et 700 sites d’orpaillage au Burkina Faso et entre environ 300 et 350 sites au Mali.
Selon des estimations récentes, plus d’un million de personnes seraient directement employées dans l’exploitation artisanale au Mali, Niger et au Burkina Faso (dont plus de 100.000 sont des enfants), et 6.100.000 en dépendraient (au moins partiellement), sur une population cumulée d’environ 60 millions de personnes.
Cette activité se développe de plus en plus dans d’autres pays de la région et notamment en Côte d’Ivoire (où on a estimé qu’il y avait 185 sites clandestins vers la fin de 2016), au Sénégal, en Guinée ou encore en Mauritanie (où il y a eu un fort développement de l’orpaillage illicite ces dernières années et surtout dans le Nord- Ouest du pays autour de la mine de Tasiast exploitée par la société Canadienne, Kinross Gold Corporation).
La pauvreté et l’absence d’autre perspective d’emploi rendent l’orpaillage particulièrement attractif, et l’activité a tendance à s’auto-entretenir ; compte tenu du faible investissement en capital nécessaire, tant que sur le long que le court terme, les populations qui s’y adonnent le font dans la durée.
Bien que cette activité soit une véritable aubaine pour les populations locales (et notamment au Mali et Burkina Faso), c’est une activité qui entraîne des conséquences extrêmement nuisibles à la fois pour l’environnement, et pour le tissu socio-économique des pays de l’Afrique de l’Ouest.
En effet, avec des milliards de dollars en recettes fiscales perdues, et les dangers pour les populations et l’environnement, l’orpaillage illicite est devenu un véritable casse-tête pour les gouvernements des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Dans ce contexte, des tentatives de réforme ont été apportées au secteur dans la région, destinées plus à régulariser cette activité qu’à la décourager entièrement, étant donné le développement local qu’elle apporte dans les zones rurales reculées où le taux de chômage est souvent très élevé, et son énorme potentiel pour contribuer à l’économie nationale des pays concernés.
Ainsi (et par exemple), en Mauritanie, et depuis le 25 avril 2015 les orpailleurs ont désormais besoin d’obtenir un permis afin de pouvoir exercer leur activité.
Cette nouvelle exigence a été imposée en réponse à la ruée de milliers de personnes qui sont arrivées dans les environs de la mine de Tasiast (dans le Nord-Ouest du pays), allant même à l’intérieur du périmètre de la mine, pour chercher de l’or, en creusant des milliers de trous.
De la même façon, au Sénégal où l’orpaillage est un phénomène plus récent, l’Etat a institué la « Carte Professionnelle d’Orpaillage Traditionnel » (Arrêté n°009249/MEM/DMG du 14 juin 2013 portant organisation de l’activité d’orpaillage) sur le territoire sénégalais. Ce type d’encadrement pourrait se révéler très efficace, et même si le Mali l’a essayé sans succès depuis 2001.
En tout état de cause, comme en Mauritanie et au Mali, et dans la perspective d’une meilleure réglementation du secteur, des tentatives d’encadrement et de formalisation du secteur sont également en cours au Burkina Faso, au Niger et en Côte d’Ivoire.
Ainsi, en Côte d’Ivoire, une vaste opération visant la fermeture d’un grand nombre de sites clandestins a été mise en place ces dernières années, et en parallèle, en 2017, le pays a adopté de nombreuses mesures répressives contre l’orpaillage illicite.
Bien que des tentatives de réforme soient donc en cours au niveau national dans différents pays de l’Afrique de l’Ouest, il faudrait néanmoins aller plus loin afin de renforcer ces démarches, non seulement au niveau national (pour diminuer les conséquences néfastes sur l’environnement et sur le tissu socio-économique des pays mentionné ci-dessus de l’orpaillage clandestin), mais également au niveau régional et ce dans le cadre plus général d’une meilleur gestion des ressources minérales.
Ainsi, en plus de la lutte contre l’orpaillage clandestin au niveau local, il faudrait également réglementer le commerce régional de l’or de façon plus efficace, d’une part pour en faciliter la vente dans de meilleures conditions pour les entreprises d’orpaillage légales, et d’autre part, pour permettre une meilleure visibilité de cette activité au niveau fiscal.
Par ailleurs, il est à noter qu’une meilleure réglementation de l’activité artisanale dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, qui encadre mieux cette activité, rendrait ces pays plus attractifs vis-à-vis d’éventuels investisseurs étrangers, et rassurerait les sociétés minières étrangères déjà présentes dans ces pays. En conclusion, il faudrait alors renforcer les réformes qui ont déjà été apportées au secteur de l’exploitation artisanale à un niveau national par l’ajout de conventions conclues à un niveau régional (entre les différents pays concernés par cette activité). Ces conventions régionales devraient être destiné à pallier considérablement les effets souvent extrêmement néfastes de cette activité sur l’environnement et sur le tissu socio-économique des pays concernés, à travers un meilleur encadrement réglementaire, tout en rassurant à la fois des investisseurs actuels et potentiels (et notamment avec une harmonisation des taxes à l’exportation), et reconnaissant l’importance considérable de cette activité pour l’emploi et le potentiel énorme de cette activité pour l’économie des pays concernés. En effet, dans la mesure où un véritable effort sera fait aux deux niveaux (i.e. national et régional), une activité d’orpaillage légal, mieux réglementé et mieux géré, aura largement sa place aux côtés des sociétés minières (actuels et futures) dans ces pays; le tout dans un contexte où le cours de l’or continue à monter.
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